Ah qu’il les aimait ses Etats-Unis ! Toute la vie de Johnny Hallyday a été marquée par son rêve américain. De sa petite enfance avec son père d’adoption Lee Halliday, un Américain d’Oklahoma, à la fin de son existence, il y a multiplié les références, dans ses chansons, ses costumes, ses choix de vie… Il a même certainement donné le goût de l’Amérique à beaucoup d’entre vous, amoureux de rock’n’roll, de motos et de roadtrips. Tout cela nous a donné envie de partir sur les traces américaines de notre Jojo national, décédé le 5 décembre 2017.
Voici, pêle-mêle, ses influences, des anecdotes, des lieux où partir en pèlerinage… Plein de choses qu’on ne savait pas et qu’on a découvertes en enquêtant et en regardant certains des (nombreux) documentaires diffusés en son hommage. Parce qu’on a tous en nous quelque chose de Tennessee, non ?
NB : il y a vraiment beaucoup d’incertitudes dans sa bio… mais ça fait partie de la légende.
Johnny aux quatre coins des Etats-Unis
Pourquoi Hallyday ?
Johnny est né Jean-Philippe Smet. Abandonné par son père, il a été élevé par ses tantes/cousines, danseuses, Desta et Menen. Leur route a croisé celle d’un artiste Américain, le danseur Lee Halliday, originaire d’Oklahoma (né à Tulsa), que l’une d’elles a épousé. Johnny (qui chantait déjà sur scène déguisé en cowboy à 6 ans) a trouvé en lui un père de coeur. Son vrai nom était Lee Ketcham, mais il avait pris le pseudo du médecin qui avait sauvé son propre père, le Docteur Halliday. Il surnommait le petit garçon « Johnny ». La famille de Lee leur envoyait les disques américains de rock’n’roll et des jeans Levis.
L’idole des jeunes s’est inspiré de tout ça pour choisir son nom de scène. Or, lors de la sortie de son premier 45 tours, l’imprimerie a fait une erreur et écrit « Hallyday » avec deux « Y ». Il l’a laissé comme ça. D’ailleurs, lors de sa première interview télévisée, Johnny s’est dit né de père américain… (alors qu’il était Belge). Il s’est ensuite dit originaire du Texas (Aznavour, son mentor, l’a repris et lui a conseillé de toujours dire la vérité à son public). Mais ce n’était pas un « vrai » mensonge. Il a toujours été américain, dans le coeur. Il s’est toujours senti attiré par les Etats-Unis; fan d’Elvis Presley, jusqu’à l’imitation assumée, il l’a toujours revendiqué. Ses shows étaient d’ailleurs à l’américaine.
Un fan d’Elvis
Johnny a toujours été un grand fan du King, Elvis Presley. C’est en s’inspirant de lui notamment qu’il a participé à importer le rock’n’roll en France (avec Eddy Mitchell and co). Il était fasciné par sa musique et son jeu de scène.
Il a d’ailleurs repris et adapté en français plusieurs de ses tubes :
- « Heartbreak Hotel » est ainsi devenu « Je me sens si seul » (1958) puis « A l’hôtel des coeurs brisés » (1974)
- « Teddy Bear » est devenu « Ton petit ours en peluche » (1959) puis « Celui que tu préfères »
- « I got stung » est devenu « J’suis mordu » (1960)
- « Blue Suede Shoes » (1960)
- « Baby I don’t care » est devenu « Sentimental » (1961)
- « Hound dog »
- « Trouble » est devenu « La bagarre » (1962)
- « It hurts me » est devenu « Ça fait mal » (1964)
- « My baby left me » est devenu « Tu me quittes » (1964)
- « Let’s have a party »est devenu « Oh ! Laisse la partir » (1964)
- « I forgot to remember to remember » est devenu « J’ai oublié de me souvenir » (1964)
- « Loving you » est devenu « Ma vie à t’aimer » (1968)
- « Suspicious mind » est devenu « Soupçons » (1973)
- « Fever » est devenu « Vivre » en duo avec Sylvie Vartan (1973)
- « Stuck on you » est devenu « Comme un fou » (1975)
- « Mystery train » est devenu « Train sans espoir » (1975)
- « Memphis Tennessee » est devenu « Memphis est loin d’ici » (1996)
- « Money honey » est devenu « Monnaie monnaie » (1996)…
Johnny n’a jamais rencontré Elvis. Cela a apparemment failli se faire (grâce à Sammy Davis), mais n’a pas eu lieu. On n’est même pas sûr qu’il ait vu son idole en concert… Il y a débat entre les biographes et les fans (et même les différentes interviews de Johnny) : l’a-t-il vu (ou failli le voir) à Atlantic City, Philadelphie, au Lac Tahoe, à Vegas ?
Johnny n’a en tout cas jamais cessé de rappeler son inspiration et son respect au King : shows à l’américaine, etc. Il a même acheté l’un de ses costumes aux enchères. Lors du visionnage d’un documentaire, on a été frappés par la ressemblance entre les costumes du King et l’un de ceux que Johnny a porté en 1978 (blanc, à franges et hyper bling-bling) : c’était le sien !
A sa mort, plusieurs journaux américains ont titré sur le décès du « French Elvis » (« l’Elvis français »). Ils le connaissaient pourtant peu, mais la comparaison est plutôt bonne. Il avait choisi d’être enterré dans un cercueil blanc… Comme Elvis. Enfin, presque. Car si Elvis était allongé dans un linceul bleu, son cercueil lui était couleur argent.
1962, sa première fois aux States
Ce serait Joe Dassin qui l’y aurait emmené pour la première fois… En 1962, Johnny débarque aux Etats-Unis pour y enregistrer son premier album en anglais à Nashville, aux studios Bradley (804 16th Avenue South ou 34 Music Square E, suivant les GPS). Un carré lui a été réservé pour enregistrer « Sings America’s rockin’ hits ». Le studio appartenait alors à Shelby Singleton qui avait racheté tous les studios où Elvis avait enregistré. Notre rockeur fera de nombreux voyages dans le Tennessee d’Elvis et y enregistrera de nombreux albums. Si ses chansons en anglais seront diffusées dans d’autres pays, elles sont restées inédites en France jusque dans les années 1990.
Antoine de Caunes l’y ramènera aussi en 1984, à Memphis et Nashville, pour tourner l’émission « Les Enfants du Rock » et un enregistrement culte avec Carl Perkins, Emmylou Harris et Tony Joe White. Ils ont fait le tour des boîtes de blues et des honkytonks.
> Adresse du studio : 34 Music Square E, Nashville (ou 804 16th Avenue South)
Les chansons américaines
On l’a vu plus haut, Johnny a repris beaucoup de standards américains mais il a aussi chanté cette Amérique chérie qu’il a beaucoup parcourue. Il a disséminé des références dans beaucoup de ses chansons. Certains doivent penser immédiatement à « Quelque chose de Tennessee » mais en fait ça n’a rien à voir avec l’état américain (même si on en tous quelque chose en nous). C’est un hommage à l’écrivain Tennessee Williams.
Voici quelques chansons de Johnny à la touche américaine :
- « Mon Amérique à moi » (1982) écrite par Philippe Labro. Les Roadies adorent
- « A New Orleans » (1961)
- « Twist’in USA » (1961)
- « C’est le mashed potatoes » (1962) qu’il danse LOL
- « Rouler vers l’ouest » (dans l’album « Le dernier rebelle » 1993) qui raconte un roadtrip (« J’ai fait le plein dans ma tête/J’ai pas besoin du reste pour rouler vers l’ouest…« )
- « Cartes postales d’Alabama » (1982) qui est une reprise de « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyrd
- « San Francisco » (1967)
- « Le fou du Colorado » (1969)
- « Hello US USA » (1972)
- « Memphis USA » (1975)
- « Nashville Blues » (1984)
- « Sur la route de Memphis » en duo avec Eddie Mitchell (1996)
- « Rouler sur la rivière » (1996), adaptation de « Rolling on the River » (ou Proud Mary) de Creedence Clearwater Revival. Présente sur l’album « Destination Vegas«
Sélection non exhaustive, mais celles là nous ont bien plu. Et en prime, les paroles de « Mon Amérique à moi » :
Depuis l’Hudson River jusqu’en Californie
Et dans ma mémoire, je conserve une silhouette qui bouge
Celle d’une fille en jean entre Nashville et Bâton-Rouge
Qui marchait en rêvant près du Mississippi
Mon Amérique à moi
Ni les flics, ni les fusils, ni la drogue, ni le sang
C’est plutôt les enfants qui sur leurs vélos rouges
Distribuent les journaux aux portes des maisons
Y a des bouteilles de lait sur tous les paillassons
Mon Amérique à moi
En Floride dans la banlieue près d’Orlando
Avec trois guitares, deux batteurs, trois banjos
On avait enregistré une nouvelle version de « Blue Suede shoes »
Sur un air paresseux et nonchalant de blues
Mon Amérique à moi
Telle que je l’ai vécue, telle que vous l’avez vue
Dans les films noir et blanc, la lumière était belle
Et les figurants des westerns semblaient tout droit venus
Des albums illustrés signés Norman Rockwell
Mon Amérique à moi
Elle me dit : « Good morning ! » avec un grand sourire
Me sert du café chaud, des pommes à la vanille
M’invite pour passer Noël au Tennessee
Et pour faire du cheval dans la Ouest Virginie
Mon Amérique à moi
Je ne sais pas pourquoi elle court dans ma mémoire
Il ne s’est pourtant rien passé entre nous, pas d’histoire
Quand j’ai voulu savoir comment on la nommait
Elle m’a dit : « Freedom », je crois bien qu’en français ça veut dire Liberté
Un show à Las Vegas
Johnny n’a jamais fait carrière aux Etats-Unis et les Américains le connaissent à peine. Peu de personnalités US l’ont salué à sa mort, hormis Tom Hanks («J’adorais Johnny et sa musique (…) j’ai des tas d’albums de lui chez moi. J’ai également plusieurs albums de Johnny sur mon iPad que j’écoute régulièrement »). Il s’y est pourtant produit, mais surtout devant un public français et francophone, d’expatriés ou de fans ayant fait le voyage.
En 1962, profitant de l’enregistrement de son album à Nashville, il fait la tournée des campus universitaires (Washington, Chicago ou New York). En 2014, il tourne entre le 24 avril et le 15 mai aux Etats-Unis et au Canada. Une tournée US qui démarre au Fonda Theatre de Los Angeles et qui se poursuivra à San Francisco, New York, Boston, Miami Beach, Washington, la Nouvelle-Orléans, Houston, Dallas.
La vraie « grande » fois, c’était le 24 novembre 1996 à Las Vegas, à l’Aladdin Theatre de l’hôtel-casino éponyme, au milieu du Strip (devenu depuis le Planet Hollywood). Le show a été apparemment accueilli de façon mitigée. Il y avait 5500 spectateurs, dont beaucoup de Français arrivés par charters entiers (et qui avaient payé leur soirée une petite fortune). Et Paul Anka est arrivé en guest-star à la fin ! Sinon il était apparemment régulièrement au club Harley Davidson de Sin City. Un live est sorti (LIEN Live at the Aladdin Theatre), son 40e album, et des inédits sont nés de ce concert unique, très rock’n’roll (« Rock à Memphis »).
C’est aussi là qu’il s’était remarié une deuxième fois avec Adeline Blondieau, le 16 avril 1994 (je crois qu’il faut plus trop en parler), avant un long roadtrip à moto sur la 66, en Harley (Illinois, Missouri…)
> Adresse : Planet Hollywood (anciennement Aladdin), 3667 S Las Vegas Blvd, Las Vegas
Les roadtrips américains
En amoureux des USA, Johnny a fait beaucoup de roadtrips aux Etats-Unis, dans l’Ouest, sur la Route 66 (il y a d’ailleurs une photo de lui en train de se faire raser chez le barbier de Seligman, Angel Delgadillo, dans sa boutique).
Le plus médiatisé a été sans aucun doute son roadtrip nuptial avec Adeline, mais ceux qui le suivaient sur Instagram ces derniers temps en ont suivi beaucoup d’autres, comme un très récent en partenariat avec Memphis Coffee.
Parmi les lieux qu’il a visité, citons Oatman, Seligman, Goosenecks State Park, le Hat Rock Inn motel à Mexican Hat, Petrified Forest NP, Santa Fe, la plage de Daytona (où il a roulé en décapotable rose), Disneyland Orlando, la Nouvelle-Orléans (dont le cimetière Saint Louis), l’Atchafalaya Basin (où il a fait de l’airboat), le Grand Canyon, Fredericksburg (Texas), Lamesa (Texas), l’Old Fort Sumner Cemetery (Nouveau-Mexique, où l’on trouve la tombe de Billy the Kid), la Mine Shaft Tavern (Madrid, NM), Santa Fe, Taos Pueblo, le Diamond Belle Saloon (Durango, Colorado), Monument Valley, Canyonlands (Cataract Canyon, pour du rafting avec Michel Sardou) et bien d’autres endroits. A sa mort, même l’Utah lui a rendu hommage sur sa page officielle.
Miami, la rencontre avec Laeticia
En mars 1995, il rencontre Laeticia dans la boîte de nuit que son père, André Boudou, possède à Miami (Floride). « L’Amnesia », déclinée au Cap d’Agde et à Paris (avec plus ou moins de succès et de soucis au passage). Il a 52 ans, elle 20. Ils vont se marier direct. Perso, cette relation m’a toujours beaucoup intriguée… Johnny a souvent répété que dès qu’il l’a vue, il s’est dit qu’il aimerait bien finir sa vie avec elle. Un couple hors normes… mais qui avait l’air de s’aimer profondément.
Elle vivait là-bas à l’époque. Son père et Johnny étaient d’anciens amis. L’Amnesia était située à Miami Beach, au 136 de Collins avenue, mais est aujourd’hui fermée (et devenue le « Story »). A la mort de Johnny, les hommages se sont multipliés en Floride : des bikers (surtout francophones) ont défilé à Miami Beach et un concert a été organisé à Fort Lauderdale (fin janvier 2018)….
Sa vie à Los Angeles
A la fin des années 2000, Johnny s’est installé avec Laeticia à Los Angeles, dans le quartier de Pacific Palisades. Leurs filles, Jade et Joy, allaient au lycée français et il les y emmenaient régulièrement. Leur superbe villa, au milieu de celles de stars américaines (Kate Hudson habite en face), se trouve au 789 Amalfi Dr. Il disait y vivre une vie « normale et tranquille » et s’y être installé (entre autres raisons y compris idéologiques et fiscales…) parce que c’est là qu’il répétait et enregistrait ses chansons. Il y fréquentait le couturieur français Christian Audigier, décédé en 2015, dont il partageait le rêve américain. Ils étaient devenus amis en France et l’ami des stars, roi de la night jet-set de LA, lui organisait des soirées sur la côte.
On l’a beaucoup vu faire de la muscu au club de musculation en plein air de la plage de Venice Beach (Muscle beach, qui a fait connaître Arnold Schwarzenegger), à un moment. On l’a aussi beaucoup vu faire le tour des tatoueurs les plus hype comme le Shamrock Tattoo Social Club (9026 Sunset Blvd, West Hollywood), où Mark Mahoney lui a fait le portrait de Laeticia sur le biceps gauche. Ou dans des restos en vue : le très chic restaurant japonais Nobu (22706 Pacific Coast Highway, Malibu), le « Little Door » (tenu par des Français, 8164 W 3rd St, Los Angeles)… Il a aussi privatisé le Hard Rock café de LA (6801 Hollywood Blvd #105, Hollywood) à l’occasion d’une soirée. Et fait des virées en « hot rod » le long des plages….
C’est aussi dans cette ville que son fils David a vécu une bonne partie de son enfance, avec sa maman Sylvie Vartan.
En 2009, il a été hospitalisé à l’hôpital Cedar Sinai (8700 Beverly Blvd, Los Angeles) pour une opération « ratée ». Les journaux américains ont fait des reportages suite à la foule amassée devant l’hôpital : « Vous êtes tous là pour un sosie d’Elvis?!? » C’est pour ça qu’il est rentré en France et a fini sa vie dans sa maison de Marnes-la-Coquette, en région parisienne, tout de même baptisée la « Savannah » (comme la ville de Géorgie).
> Les adresses : sa maison (789 Amalfi Dr., Pacific Palisades), Muscle Beach (1800 Ocean Front Walk, Venice), Shamrock Tatoo Social Club (9026 Sunset Blvd, West Hollywood), Nobu (22706 Pacific Coast Highway, Malibu), Little Door (8164 W 3rd St, Los Angeles)
Saint-Barth, la dernière demeure
A la (relative) surprise générale, ce n’est ni à Paris, ni à Saint-Tropez, ni en Californie que Johnny avait choisi d’être enterré, mais à Saint-Barth (cimetière de Lorient), l’île où il avait une maison et que Joe Dassin lui avait aussi fait découvrir dans les années 1970.
Là encore, Jojo n’est allé pas si loin des Etats-Unis. L’île voisine de Saint-Martin est accessible depuis de nombreux aéroports US : Philadelphie, Charlotte, Atlanta, Miami, New York et Newark…
Sources : Le Parisien, le Courrier de Floride, Wikipedia, Libération, RTBF
Photos : Getty (Tony Frank), Paris Match, Benjamin Auger, Instagram Johnny Hallyday, Wiki, CloserMag, captures Youtube
Bonsoir,
Que cesse les rumeurs et les palabres,
Que résonne que…. la Musique qu’il Aime
Johnny, Sa Vérité est et restera toujours parmi Ses Vrais Fans.
Que je t’aime, mjoe et jmarc
Oh yeah !
Très bel hommage à celui qui nous manque tant …<3
Merci Valérie 😉
Hello,
Bel hommage de mon idole, je roule en harley et voyage aux USA car il m’a donné l’envie d’avoir envie.
J’en profite car les commentaires c’est pas mon truc pour de dire que ton site c’est de la bombe et m’a beaucoup aidé pour organiser mes voyages.
Merci Christian ! Merci pour ce message
Quel article !!!
Je ne suis pas spécialement fan de l’artiste (avis personnel on est d’accord) mais j’adore lire ce genre d’articles biographiques. Et celui ci est vraiment top !!!
En fait si on a tous qqch en nous de Johnny… L’amour des USA.
Bravo pour ce très chouette article complet
Hello Mel,
Ton message m’a permis de voir que tu avais franchi le pas. Blogueuse now ! Bonne continuation, encore merci