Chaque année, nous sommes « fiers » d’aligner 10 000 kilomètres de roadtrip aux Etats-Unis, à bord de jeeps et autres véhicules tout-terrain, en un mois. Et pourtant on s’incline volontiers devant Marie et Cédric qui en ont, eux, parcouru 16 000… à vélo ! Un périple qui leur a pris huit mois et qui leur a ouvert d’autres horizons. A leur retour, ils ont lancé leur société, « CycloGo« . On n’a pas testé. On vous avoue en toute sincérité qu’on ne fait pas/plus de vélo : depuis une chute dans sa jeunesse, JP refuse d’approcher tout ce qui a deux roues (même la Foire du Trône). On a en tout cas eu envie de leur donner la parole et de vous emmener dans leurs roues. Et un jour peut-être, qui sait…
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
« Nous sommes Marie et Cédric, deux jeunes passionnés de découvertes et de voyages (à vélo). Nous avons 27 ans tous les deux et sommes originaires de Metz en Moselle et de Paris. Curieux, nous adorons nous lancer dans de nouveaux projets !
En 2014, vous avez décidé de traverser le continent nord-américain en vélo. Comment vous est venue cette idée ?
Nous nous sommes initiés au cyclotourisme en 2011, d’abord le temps d’un week-end, puis 10 jours entre Paris et Venise, avant de décider de partir plus loin et plus longtemps. Notre dévolu s’est jeté sur l’Amérique du Nord, aussi variée qu’immense. Nous voulions être capables de communiquer avec les personnes rencontrées et nous recherchions de grands espaces naturels. Et nous avons été servis !
Finalement, vous avez parcouru 16 000 km au total. Quel a été votre parcours ? Votre rythme ?
Arrivés à Montréal, nous avons traversé la région des Lacs et les grandes prairies canadiennes, avant de passer aux Etats-Unis. Nous avons alors exploré les Rocheuses de long en large, découvert l’Ouest américain, le désert du Nevada, le Nouveau-Mexique, le Texas et le Sud américain, jusqu’à l’extrême Sud de la Floride. On a roulé environ 100 km par jour à vélo. Ce qui nous a permis de faire des pauses pour randonner, participer à un festival ou visiter une ville. 16 000 km de bonheur !
Pourquoi avez-vous fait le choix du vélo ?
A vélo, on découvre les régions en profondeur, on ne passe pas d’un point A à un point B, mais on suit toute la ligne. On découvre alors des endroits très peu touristiques, invisibles sur une carte. Le fait d’être dehors et en mouvement accentue les émotions et procure un bien-être tout particulier. Qui plus est, le cyclotouriste jouit d’un capital sympathie indéniable et le vélo est un prétexte pour de belles rencontres. Enfin, voyager à vélo est peu onéreux : aucun frais de transport, peu d’activités annexes, peu de frais de logement. Le voyage peut durer plus longtemps !
Comment avez-vous fait pour dormir, vous ravitailler, vous laver ?
Nous avons campé la plupart du temps, déplaçant chaque jour notre petit cocon vers un nouvel inconnu. Dans les villes, nous avons souvent été hébergés par d’autres voyageurs, profitant alors de leurs expériences. Munis de sacoches sur nos vélos, nous avions toujours des réserves de nourriture et d’eau ; nous pouvions vivre plusieurs jours en autonomie. Sur la route, les sources d’approvisionnement étaient parfois peu nombreuses et nous nous sommes habitués à la nourriture des stations-service et au manque de vraies douches ! Nous avons testé les baignades dans les lacs et les douches des routiers.
Et qu’est ce que vous aviez dans vos sacs pour cet immense périple ?
Tout le nécessaire de camping (tente, duvets, matelas, popote, réchaud), le plus compact possible, et quelques vêtements faciles à laver. Nous avions aussi le nécessaire pour réparer nos vélos et nous divertir : un appareil photo, une caméra et son pied, nos cahiers de route, quelques livres et une guitare 3/4 ! On apprend à vivre avec peu et à recoudre ses affaires !
Quels sont les trois plus endroits que vous ayez vus ?
Glacier National Park, dans le Montana. Nous avons eu la chance d’emprunter une route dans un col encore fermé aux voitures. Les glaciers nous ont alors appartenu au coucher du soleil et on en a pleuré de joie !
L’Utah, aux terres ocres et aux airs lunaires. Les paysages y sont très diversifiés mais toujours extraordinaires. Nous avons rencontré des habitants passionnés par leur région, qui nous on conseillé de superbes randonnées à travers de canyons. Quel incroyable terrain de jeux !
Le Nouveau-Mexique, ses forêts, ses sources chaudes, ses canyons, son désert de sable blanc et ses immenses cavernes. Nous n’avions aucune vraie connaissance de cet Etat avant d’y passer et les surprises s’y sont enchaînées.
Et les vélos ont tenu le choc ? Avez-vous des anecdotes à ce sujet ?
Le vélo de Marie n’a eu aucun pépin mises à part quelques crevaisons. Celui de Cédric a collectionné les cassages de rayons. Il paraîtrait que ce serait parce qu’il portait plus de poids !
« Chaque nuit un concert nocturne : des coyotes, des rongeurs, des loups, des cerfs en rut ou des animaux non identifiés »
On imagine que vous avez croisé des dizaines et des dizaines d’animaux…
Oh que de rencontres ! Chaque nuit en tente, nous avons assisté à un concert nocturne : des coyotes, des rongeurs, des loups, des cerfs en rut ou des animaux non identifiés. La journée, nous croisions de nombreuses biches ou antilopes, des renards, des ours ou des alligators, selon les régions traversées. La densité de population est de 5 habitants au kilomètre carré dans l’Ouest américain et le Canada. Les animaux ont de quoi être tranquilles !
Pour vous, quelle a été la route la plus difficile ?
Les routes autour de Las Vegas. Il faisait si chaud que nous ne transpirions plus, même notre respiration était chaude. Le moindre effort nous coûtait alors énormément et nous devions nous rationner en eau car les endroits étaient désertiques… Le choc a été rude à Las Vegas !
Il doit aussi y avoir quelques mauvais souvenirs. Jamais vous n’avez pensé abandonner et rentrer à la maison ?
Avant Las Vegas, si, justement. Marie a même pensé à faire du stop, mais il n’y avait pas de voiture ! Au Texas aussi, nous avons parfois trouvé le temps long, à cumuler les crevaisons sur des routes sans intérêts, entre les puits de pétrole. Mais à chaque fois, les efforts ont été effacés par de belles rencontres, et l’envie d’aller plus loin est revenue. Finalement, le plus dur c’est d’arrêter !
A qui vous le conseilleriez ? Si quelqu’un souhaitait faire la même chose, quels conseils donneriez-vous ?
A tous ! Les distances parcourues et les dénivelés encaissés importent peu, chacun peut rouler à son rythme, dormant en tente ou en hôtel selon ses désirs de confort. Il suffit simplement de ne pas forcer au départ et notre corps s’habitue vite à ce nomadisme à deux roues. Sur la route, nous avons croisé des couples tractant un chien ou un bébé, des retraités partis à l’aventure et des jeunes solitaires partis sur un coup de tête. Le profil des cyclotouristes est très varié, mais tous sont vite happés par cette manière de voyager !
Quelle a été la réaction des américains que vous avez croisés ? Avez-vous fait des rencontres marquantes ?
Les Américains sont généralement de nature curieuse. Nous ne restions jamais seuls longtemps, les questions « d’où venez-vous ? », « où dormez-vous », « combien pèsent vos sacoches » fusaient vite. Nous avons été accueillis par des gens qui nous inspirent encore maintenant, d’une générosité et d’une ouverture inimaginables. Ces rencontres sont pour nous le moteur de nos vélos.
A votre retour, vous avez décidé de changer d’orientation et de créer votre entreprise, CycloGo. En quoi cela consiste ?
Oui, nous avions besoin d’un nouveau défi, et de taille, et avons décidé de faire du partage de notre passion notre quotidien. Nous avons alors créé une agence de voyages à vélo, « CycloGo » . Elle libère les cyclotouristes de toute contrainte logistique, grâce à 19 voyages clé-en-main en France, de durées et de niveaux variés pour satisfaire les envies de chacun. Nous fournissons un itinéraire testé et adapté, nous réservons les hôtels, louons les vélos, offrons un petit guide touristique réalisé par nos soins et gérons le transport de bagages. De quoi passer des vacances originales, découvrir la France autrement et s’initier au voyage à vélo ! Les familles peuvent pédaler tranquillement entre les splendides châteaux de la Loire, les groupes d’amis peuvent découvrir la richesse de la Bretagne, tandis que les plus sportifs se confronter au mont Ventoux ou découvriront les Vosges vallonnées. Nous avons encore tant de routes à (faire) découvrir ! ».
Le coin pratique
> Le site : www.cyclogo.fr
> L’adresse : 53 Avenue de la République, 75011 Paris. Tél : 01 71 28 97 06. Ex week-end aux châteaux de la Loire : 2 jours, à partir de 79€ TTC/pers)
Bonjour,
Je suis très intéressé par un voyage à vélo de plusieurs mois aux USA, cependant la question est : comment rester plus de 3 mois légalement sur le territoire…
En effet, ESTA permet une présence continue jusqu’à 3 mois,
Un VISA tourisme (type B-2), c’est 6 mois et en plus il faut présenter des documents indiquant qu’on a un appart et un emploi en rentrant en France…. pas facile à obtenir comme papiers !
Donc je me demandais, comment avez-vous fait pour rester 8 mois sur le sol américain sans être inquiétés (à moins que vous ne l’étiez)
Bien cordialement,
Chenis
Bonsoir Chenis ! Je ne sais pas s’ils passeront par là pour vous répondre car cet article date de plusieurs années. J’ai vérifié, c’était huit mois Canada et USA. Donc probablement 6 aux USA, la longueur du visa B2.
Le B2, il vaut mieux en effet prouver « une situation » qui vous retient en France pour que cela se passe bien. Mais j’ai l’impression que c’est plus souple qu’à une certaine époque.
Bonne soirée
Bonjour,
Merci pour ce retour, je ne pensais pas avoir de réponse !
J’ai 30 ans, sans femme ni enfants et mon but était de quitter appart et travail pour un roadtrip d’un an à vélo… je vais essayer de faire jouer l’honnêteté !
Merci encore pour ce retour,
Bonne journée !
Avec plaisir ! Bonne route Chenis