C’est une très jolie découverte, qu’on a très envie de vous faire partager. Si vous allez aux Etats-Unis, vous irez peut-être voir une comédie musicale à Broadway (New York), un concert au Grand Ole Opry (Nashville) ou au Hollywood bowl (Los Angeles) ou un spectacle du Cirque du Soleil à Las Vegas, pour ne citer que quelques-unes des scènes mythiques américaines. On a gardé un souvenir impérissable de notre premier spectacle aux Etats-Unis : c’était à Red Rocks (Colorado), un amphithéâtre de grès rouge mythique où se produisaient les Old Crow Medicine Show. L’acoustique était incroyable.
Il y a un petit bijou de ce genre en Utah, à Ivins, dans la « banlieue » de Saint-George : le Tuacahn center for the arts. Lui aussi se cache dans un amphithéâtre de rochers rouges, à quelques kilomètres d’Hurricane, qu’on avait choisi comme camp de base pour visiter les parcs nationaux de Zion et de Bryce Canyon.
Le centre, dont la saison court du printemps à l’automne, propose (en gros) trois grandes comédies musicales par an (plus des concerts et des événements). On avait le choix entre Sister Act, La Belle et la Bête et « When you wish… », annoncé comme LE spectacle du 20e anniversaire du lieu, une première mondiale et un voyage à travers les classiques de Disney. Vous savez, « Quand on prie la bonne étoile, lalala » que vous avez sûrement déjà fredonné avec Pinocchio. Il n’en fallait pas plus : on a pris celui-ci (et comme on avait fait Angel’s Landing le matin, JP, qui d’ordinaire n’accepte que d’aller voir des groupes de rock indé et les concerts de ma chorale, a bien été obligé de me suivre !).
A cette période, le spectacle démarre à 20 h mais les portes ouvrent trois heures avant, pour permettre au public de profiter du site, des gift-shops voire du restau, qui (sur réservation) sert un menu en lien avec le spectacle du jour (le banquet de la Belle et la bête, le BBQ magique de « When you wish… ») Il y a du monde à l’entrée : l’amphithéâtre peut accueillir 2000 spectateurs. On remonte le parking, le long de petites chutes d’eau, et on arrive à la place centrale, où se côtoient billetterie, stands de pop corn et magasins de souvenirs. Un Dr Pepper en main, on se dirige vers notre place : le rang P dans l’aile numéro 2, au milieu. On va être pas mal (ah mince un couple assez corpulent se place juste devant nous et s’échange bruyamment du pop corn).
Il fait encore chaud, on a face à nous la scène ouverte sur les rochers rouges et, au centre, un lit de petite fille. Car voilà le pitch : une petite fille va se « balader », en rêve, à travers les classiques Disney. Il est 20 h, une voix off annonce que ça va commencer. Et, très drôle, que « si vous avez des enfants turbulents, il y a une salle où le spectacle est retransmis sur écran« . Il est interdit de prendre des photos. Mais pas de manger du pop corn ou de ramener une pizza. Le jour commence à tomber et va se transformer en une nuit étoilée. Mais on ne fait même pas gaffe au coucher de soleil, absorbés par le show.
C’est parti. Et franchement, ça envoie. A l’américaine, forcément. La petite héroïne, une délicieuse petite blonde qui sait chanter et danser, n’a rien d’énervant (comme ces enfants stars qui en font des caisses). Bridget Biggers a le spectacle dans la peau : originaire de Provo (Utah), fille d’une danseuse de ballet ukrainienne et d’un musicien américain, elle a apparemment décroché le rôle haut la main. Donc la petite est dans son lit et sa maman lui offre un livre de contes Disney. En rêve, elle commence à se balader dans les classiques : Pocahontas (qui glisse sur la scène dans son canoë), Le Livre de la Jungle, Hercule, Tarzan, Mary Poppins, Raiponce, La Belle et la Bête, Mulan, La Petite sirène… et même Newsies, qu’on ne connaissait pas. Ce film, datant des années 90 et avec le tout jeune Christian Bale (si si !) est apparemment un classique aux Etats-Unis. Bien sûr la petite interagit dans les contes. On reconnaît les mêmes artistes d’un dessin animé à l’autre (Pocahontas = Jasmine = Mulan).
Tarzan descend en tyrolienne
C’est époustouflant : il y a des chevaux qui courent en arrière-plan, de l’eau qui coule du canyon en inondant la scène, des voix incroyables, des danses géniales, des costumes magnifiques et très originaux; les personnages de La Petite sirène glissent sur la scène comme s’ils nageaient, Jasmine et Aladin passent au-dessus de nous en tapis volant, Tarzan descend en tyrolienne… Ohlala. Allez je vous l’avoue, j’ai pleuré toutes les trois chansons. J’ai déjà vu des comédies musicales, mais celle-ci a quelque chose de vraiment spécial. Les artistes sont tous des professionnels, castés un peu partout dans le pays.
En tout la soirée dure deux heures, avec un petit entracte de 15 minutes (au cours duquel Tuacahn propose un coup de fusil, de big réducs sur les prochains spectacles). Ça a été l’occasion de parler à un gars du coin, qui vient chaque année voir tous les spectacles, et qui trouve celui-ci particulièrement excellent. Tout est vraiment parfait : les voix, la musique (jouée par un vrai orchestre), les chorégraphies, les lumières… Du grand grand show qui fait retomber tout le monde en enfance. Je surprends même JP à meunonner deux-trois notes et à applaudir. Le spectacle s’achève par un feu d’artifices (qui manque de mettre le feu aux branchages du fond). On/je pars le coeur rempli de magie. Ce que j’ai préféré ? La Petite sirène, Mary Poppins (plus supercalifragilistiquement vraie que nature) et Hercule (version gospel).
On quitte Tuacahn. La sortie du parking se fait assez facilement. On n’est pas tristes… on revient le lendemain matin, pour une visite VIP des coulisses. J’aimerais bien rêver de tout cela moi aussi…
La visite des coulisses
Il faut que vous sachiez qu’on a été particulièrement bien accueillis à Tuacahn. On a été en contact, notamment, avec Joseph Smith, qui a vécu quelques années dans le sud-ouest de la France et en a gardé un français impeccable. On a débarqué là-bas à 11 heures et visité toutes les coulisses. L’atelier du perruquier, la « green room » où les artistes attendent leur tour, les loges (un truc magique !), dont certaines privatives selon les contrats, le tunnel par lequel ils passent, l’orchestre, le souterrain où l’eau coule avant d’être recyclée, l’atelier des décors, là où les animaux sont accueillis (des chevaux et des chameaux !) mais aussi les réserves, où 20 ans de costumes sont emmagasinés et stockés par genre. Joseph nous a même fait une démo de l’engin qui propulse la Petite sirène et la sorcière (Ursula, pour les connaisseurs) : ce sont des sortes de mini segway glissés sous leurs costumes! Pocahontas pédale sous son canoë et d’autres sont télécommandés. Magique !
Juste à côté, il y a une école (moyenne section) où les enfants sont sensibilisés à la musique et aux arts du spectacles.
L’Histoire
Tuacahn fête cette année ses 20 ans. Emmené par Scott Anderson (le directeur artistique depuis 2004, qui a eu une carrière multiforme de sportif professionnel, d’acteur et de producteur, entre autres), le centre n’a cessé d’évoluer depuis ses débuts et est devenu une véritable machinerie. En saison, 300 personnes travaillent sur le site (dont beaucoup de bénévoles) et 40 artistes sont sur scène tous les soirs. 30 costumières lors du boom du printemps. L’organisation professionnelle, à but non lucratif et avec pour mission de préserver la comédie musicale américaine de qualité, soutenu par la communauté mormone locale, il a été imaginé dès 1993 pour suppléer le théâtre de Saint-George.
« Utah », le spectacle pionnier
Le site, en plein canyon de Padre, était déjà quasiment un amphithéâtre naturel. D’une capacité d’accueil de 2000 places, on y est particulièrment bien assis. Son aménagement a nécessité un budget de plus de 20 millions dollars, récolté par la fondation éponyme. Il a ouvert en 1995 avec un spectacle sur les pionniers mormons, « Utah ! ». Le spectacle, qui a duré plusieurs années, a vite été vu par les locaux. Il a fallu diversifier la programmation, tournée vers les classiques du « musical » (comédie musicale) ; les classiques Disney s’y sont peu à peu multipliés. Les artistes sont castés un peu partout dans le pays, et à chaque nouvelle production Tuacahn reçoit plusieurs milliers de CV. Les « élus » sont à l’affiche dans tous les spectacles de la saison, et sont tous professionnels. La consécration est arrivée cette année : pour ses 20 ans, Tuacahn cherchait un spectacle spécial.
Et quand on prie la bonne étoile… La bonne fée Disney, qui suit de près ses productions, est arrivée avec le script d’un nouveau musical : « When you wish ». Tuacahn a planché dessus, de la mise en scène aux costumes, et a eu l’honneur de la première mondiale. Bien sûr Mickey a gardé un droit de regard sur tout, afin que les standards Disney soient respectés dans les moindres détails, de la couleur d’une manche au poids des artistes en fonction de leur rôle. Le spectacle devrait rester à l’affiche tandis que « Le Bossu de Notre-Dame » est déjà en préparation. Le « petit » Broadway du désert (rebaptisé Broadway du canyon) est devenu grand.
L’été, Tuacahn accueille aussi des rodéos et plusieurs concerts dans l’année. Et si vous êtes dans le coin à Noël, c’est la fiesta.
Le coin pratique
> L’adresse : Tuacahn center for the arts, 1100 Tuacahn Dr, Ivins, UT 84738.
> Le site
> L’adresse : (435) 652-3300
> Visites : On a eu droit à une visite vraiment VIP, mais il est possible d’en voir une bonne partie lors de visites guidées. « Backstage walking tours » : 5 dollars pour les adultes, 3 pour les enfants à partir de 12 ans. Dîner : à partir de 12,75 dollars (adultes), 9,75 pour les enfants (sur réservation).
En saison, un spectacle par soir. « When you wish devrait être reconduit en 2016). Plein de réductions. De 22 à 70 dollars selon les places. Les photos (et vidéos) sont interdites pendant la représentation. Pop-corn et sodas.
> Pour réserver un spectacle, c’est par ici.
Special thanks : Un grand merci à Tuacahn qui a fait confiance à Lost in the Usa et nous a conviés au spectacle et nous a proposé de visiter les coulisses le lendemain. Crédits photos du spectacle : Tuacahn centers for the arts (il est interdit d’en prendre pendant le show).
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