Bien sûr, il y a Monument Valley, ses formations rocheuses rouges (mesas et buttes), John Ford, Sergio Leone, John Wayne, les Navajos, l’Amérique en 16/9e et le mythe. Si le site à la frontière de l’Arizona et de l’Utah est un incontournable lors d’un voyage dans l’ouest américain, il y a quelque kilomètres plus au nord une version miniature qui mérite aussi un large détour : Valley of the Gods.
A combiner avec d’autres merveilles
La différence ? Peut-être moins spectaculaire et moins iconique, le site est gratuit, la route qui le traverse est en relatif bon état (hommage aux nids de poules de MV, parfois difficiles à assumer sans 4×4, surtout au retour) et surtout, vous avez des chances d’être seuls au monde, hormis quelques campeurs qui choisissent ce secteur pour poser leur van. Bref, ne vous privez pas de Valley of the Gods, surtout que dans la petite boucle, vous pouvez bifurquer pour voir d’autres merveilles : Moki Dugway, Muley Point Overlook et Goosenecks State Park.
Notre journée avait débuté à Moab. Après Dead Horse Point State Park et Canyonlands, nous avions pris la route de Valley of The Gods. Après des kilomètres de paysages désertiques dont ne nous lassions même pas, nous arrivons à destination.
Le point d’entrée (discret), en venant du nord, se trouve sur l’US Scenic 163 à 13 kilomètres avant la ville de Mexican Hat (mile marker 29, on peut aussi entrer par la 261, voir la section accès). On tourne vers le nord et c’est le début de la Vallée, une boucle de 17 miles (27 km, comme Monument Valley) au beau milieu des formations rocheuses. Du rouge, de l’ocre, des mesas, des buttes, cette chaleur écrasante et l’ombre qui se fait rare. L’Ouest américain comme on l’imagine.
(…) Il se retrouva seul. La tension de cette fin d’après-midi lui avait refilé une nausée tenace. Il continua à ravauder la colline pour laisser retomber la pression. Le soleil déclinait dans son dos, allumant des contre-feux rougeoyants sur les arbustes du Canyon. Il regagna sa voiture, fermement décidé à foncer se recueillir un instant au panorama de Muley Point. La piste n’était pas tracée. À sa connaissance, personne d’autre ne s’aventurait jusqu’à ces falaises diaboliques. Il aimait observer le désert depuis le promontoire. Il avait alors le sentiment d’être aux commandes d’un avion, tellement haut entre les nuages et le fond, tellement loin des hommes, tellement près des secrets de la pierre et du vent. (…)
Page 102, « Sur la route des frères Patison » (Atria, 2012).
(…) C’est Susie qui a décidé de monter boire un coup dans cette gargote. Le nom est séduisant. « Vallée des Dieux ». Sur le panneau de bois, la peinture écaillée annonce qu’on arrive dans un Bed & Breakfast. Je suis sceptique.
— Tu crois qu’on va pouvoir prendre un café ici ?
— T’inquiète, Tonf, le type ne peut pas refuser deux clients dans un trou pareil !…
Elle a raison. La grange campe au milieu de rien. Des pains de sucre aux tons rose et gris assiègent le replat, piqueté seulement de boules de brush qui te bousillent les pattes dès que tu t’écartes du chemin. On a immédiatement l’impression de pénétrer dans une Monument Valley de poche, le gigantisme en moins, le délassement en plus. (…)
Page 229, « Sur la route des frères Patison » (Atria, 2012).
Superbes tes écrits. Très proches de mes pensées, très proches de ce que l’on a vécu et ressenti…