Ludovic Bonnet, Lyonnais, la trentaine, est l’un de nos plus fidèles followers (depuis les débuts d’A la Fin de la Route, le blog qui a précédé Lost In The USA).
Amoureux des Etats-Unis, il y a un sujet sur lequel on l’attend tout le temps, dès qu’on poste une photo : la Route 66, la Mother road. Voilà pourquoi on avait tant envie de l’interroger dessus. Fan depuis toujours, il en est un expert autant qu’un amoureux. Il l’a parcouru intégralement avec sa compagne, Audrey, en 2012. Voici ses conseils/souvenirs.
> Pourquoi la Route 66 s’appelle Route 66 ?
> Route 66 : grandeur, décadence et renaissance
>#1 : notre Route 66 en Illinois, Missouri, Kansas et Oklahoma
> #2 : notre route 66 au Texas
> #3 : notre route 66 au Nouveau-Mexique
>#4 : notre route 66 en Arizona
> #5 : notre route 66 en Californie
> #6 : 10 indices qui prouvent que vous êtes bien sur la Route 66
> #7 : Cars, une ode animée à la Route 66
Quelle est ton histoire avec la 66 ?
La Route 66, c’est un rêve de d’ado… Pourquoi ? Je ne sais pas. Toute son imagerie m’a toujours plu : les motels, les vieux panneaux, la route… Tout jeune j’avais un classeur Route 66, dès le collège ou le lycée, je ne sais plus trop. On y est enfin allés et je sais que j’y retournerai un jour…
Comment l’avez-vous parcourue ?
On y est allés en mai 2012, 18 jours, dont 16 sur la 66. C’était mon premier grand voyage aux Etats-Unis. De bout en bout, en voiture, sans passer au maximum par l’autoroute, sauf quand on était vraiment fatigués ou à la bourre. On a vraiment essayé de suivre le tracé originel.
Qu’est ce que tu y as préféré ?
Quand on a décidé de partir, on s’était renseignés, on avait vu des agences… On nous avait conseillé de ne pas faire le début, limite de commencer juste avant la Californie. Je me souviens que le mec nous avait dit « Mais vous allez vous emm… au fond de l’Illinois, y a rien ! ». Et bien c’est la partie que j’ai préféré : l’Illinois, avec plein de toutes petites villes où l’on ne trouve généralement qu’une station (fermée), de vieux diners, tenus par des nanas de 75 ans qui te servent une assiette énorme pour quelques dollars…
Le Missouri aussi, avec les premiers villages fantômes. Après Saint-Louis (une très jolie ville au passage), on s’est arrêté à Halltown, dans un petit magasin. Un bric à brac comme on n’en avait jamais vu. Un mec de 83 ans nous a tenu la jambe une heure et demi, il nous a fait l’histoire de tous les objets. Le gars il se dit « Je suis sur la 66, j’y reste, et si je vois deux touristes dans le mois je serai content… ». Toutes les maisons étaient fermées, il y avait des champs à perte de vue…
Les vieilles attractions aussi, comme la baleine bleue de Catoosa (Oklahoma), emblématique, qui doit être ma préférée de toute la route. On nous a ouvert un musée pas loin et on nous a montré de vieilles photos où l’on voyait plein de gens dessus et autour, des enfants qui glissaient sur les toboggans et se baignaient…. Nous on était tout seuls. Et bon sang, c’est interdit, mais on n’avait qu’une envie : se baigner aussi ! On sent une espèce de nostalgie, une ambiance…. C’est certainement mon endroit préféré de toute la 66.
Il y a aussi l’Arizona, son Painted desert and petrified forest (surtout le painted desert), un coucher de soleil mémorable à Holbrook….
Je pense aussi à Galena, au Kansas. Le film « Cars » a relancé la 66 à sa manière. On s’est arrêté au café, qui s’appelait encore « 4 women on the Route ». Ils jouent la carte à fond! Tout était fermé ou presque dans la ville. On a été frappés car ils installaient (seulement) des lampadaires dans la rue… A côté il y avait une maison verte, un ancien bordel apparemment, qu’ils ont repeint en blanc et qui se visite désormais, lors de soirées… hantées!
Parmi les autres « bons souvenirs insolites », il y a aussi l’espèce de temple de Groom, un « temple » plus commercial que religieux où une espèce de dingo a construit « la plus grande croix de l’Ouest » et installé des statues reconstituant la Cène (entre autres). L’accès est libre, mais il y a moult bondieuseries à acheter.
Y a-t-il des endroits que tu conseilles d’éviter?
C’est vraiment une question de goût(s)… Par exemple on a trouvé qu’il y avait beaucoup trop de monde, de bus, à partir de Seligman, Santa Fe… A Amboy par exemple on ne s’est pas arrêtés, trop de bus de touristes… Certes il y a des portions qui valent plus le coup que d’autres. Certaines sont un peu monotones, comme en Oklahoma, des secteurs où il n’y a rien, en plein désert de Mohave, l’arrivée à Los Angeles était horrible… Le Bagdad café, pourtant mythique, on n’a pas trop aimé non plus : même si pour le coup on était tout seuls, c’était trop touristique : le mec voulait vraiment nous mettre « Calling you » et qu’on laisse un mot comme tous les Français….
On n’a pas trop aimé Barstow non plus, et on a zappé, à regrets, Oatman, pour faire le Grand canyon… Mais la ville à laquelle on n’a vraiment pas réussi à trouver le moindre intérêt c’est bien Gallup (au Nouveau-Mexique).
Après il n’y a rien que je ne conseille pas. Et l’intérêt de la 66 est aussi que ce n’est pas très cher : les motels sont accessibles, on mange souvent pour une bouchée de pain et la plupart des choses à voir sont gratuites…
Le ping-pong de Roadie
Si tu étais…
- Un diner ?
Le Polk-A-Dot-drive-in à Braidwood (Illinois). Ce n’était pas mauvais, il y avait des burgers, des frites bien grasses, rien de raffiné mais servi par une dame de bien 80 ans… J’en garde un souvenir ému !
- Un plat ?
Une assiette mix-frit americano-latino à Cuba, au Hick Missouri Bar-B-Q. Très bon, très copieux. Ceux du Big Texan d’Amarillo aussi. On a fait la bêtise de prendre deux assiettes à deux…. Et où on a eu envie de poisson ! (poisson chat). Y en avait quatre alignés dans l’assiette, avec tous les accompagnements ! (rires).
- Un magasin ?
La boutique de sodas au Missouri, Pop’s, à Arcadia, qui vend des centaines de sodas, et un magasin à Springfield, le Bass Pro Shops, avec un grizzli empaillé, esprit chasse-pêche-nature, qui se targue d’être « le plus grand magasin de sport du monde ». On y a passé la soirée !
- Une portion de route ?
Une vieille portion, partiellement en graviers, avant Tucumcari. On a suivi un camping-car pour ne pas s’arrêter, on se disait : faut pas qu’on crève ici (car c ‘était déjà arrivé). Et après Glenrio, ville fantôme, avec des panneaux défoncés.
- Une bière ? Un verre ?
On tournait surtout au Coca et on a essayé tous les sodas qu’on trouvait. Ah et un vin blanc à San Francisco, que je cherche depuis (j’ai encore regardé ce matin), mais que je ne trouve pas. Le domaine s appelait « Points view », un Chardonnay, je n’arrive pas à l’oublier !
- Un motel ?
L’Americas Best Value Inn d’Holbrook (Arizona). Il y avait de la moquette verte, et c’est encore une femme d’environ 70 ans qui nous a fait un petit-déj inoubliable avec des saucisses, des pancakes…
- Un personnage ?
Peut-être Martin de Cars, parce que c’est celui qui nous a suivi tout au long de la route, il était reproduit partout. Le vrai est censé être devant le « 4 Women on the route » devenu « Cars on the Route 66 ».
- Une expérience ?
La baleine bleue de Catoosa !
Quels sont tes conseils pour les Roadies qui rêvent de 66 ?
C’est bien de la faire d’une traite, ou en deux fois. Compter deux semaines si on n’a pas le choix ou envie de cavaler, trois semaines pour la faire tranquille. Un mois reste l’idéal.
Les meilleurs détours : un pont bucolique entre Illinois et Missouri (le Sugar Creek Covered Bridge), le Grand Canyon et Las Vegas. On peut aussi finir par la Route 1, entre Los Angeles et San Francisco.
Vous avez sorti un bouquin de votre expérience, « Appelez-la madame ».
> Pourquoi la Route 66 s’appelle Route 66 ?
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Crédits photos DR Ludovic Bonnet et Audrey Desfève
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