Une messe à la Full Gospel Tabernacle Church avec Al Green
Article rédigé le 29 juin 2014 , mis à jour le 30 juin 2024
C’est une petite église sans prétention nichée au milieu de la verdure dans le quartier afro-américain de Whitehaven, à South Memphis (Tennessee). A quelques hectomètres, il y a Graceland, le grand barnum touristique pour feu le king Elvis Presley. Mais ici, dans cette église, c’est un autre king, encore bien vivant, qui distille ses prêches. La Full Gospel Tabernacle est à la fois la maison de Dieu et celle du Reverend Al Green. Pas un homonyme, c’est LE Al Green. Il fallait aller voir ça.
Le Al Green ?
Pour ceux qui ne connaissent pas Al Green (s’il en existe), je vais simplement vous dire que c’est l’un des plus fiers représentants de la soul music. Un monument américain dont les chansons ont été notamment reprises par Tarantino (Pulp Fiction) ou dans la série Ally Mc Beal. Il y fait d’ailleurs plusieurs apparitions. C’est lui.
Toujours pas ? Deux sons pour vous faire une idée. Elles vous laisseront immédiatement le sentiment d’être ultra sexy (je me garde bien de dire que vous ne l’êtes pas à la base) :
Let’s Stay Together
Here I Am
1974, l’année qui a tout changé pour lui
Que s’est-il passé pour que le chanteur soul devienne dévot ? La vie d’Albert Green a changé brutalement le 18 octobre 1974. Le gamin de l’Arkansas voyait sa petite amie Mary Woodson White l’agresser (elle ne supportait pas l’idée que Green refusait de se marier avec elle… sachant qu’elle était déjà mariée) en lui jetant dessus du gruau bouillant, le brûlant grièvement. Voyant ce qu’elle avait fait, elle s’emparait d’un calibre .38 et se suicidait. Cet évènement a changé sa vie. En 1976, il devient pasteur au Full Gospel Tabernacle et se tourne résolument vers le gospel. C’est lui qui finance la construction de l’église.
Retour le 25 août. Ce dimanche, on émerge, sortant du Heartbreak Hotel, juste face à Graceland avec la ferme intention d’aller à la messe. Ça fait bien des années que je ne suis pas allé à la messe dominicale. Peu à peu, la vie, mes études, m’ont éloigné de la foi et le dimanche matin était plutôt consacré à aller casser quelques chevilles sur les terrains de foot qu’à réciter des prières. Pour une fois, on n’était pas franchement préparé.
On gobe le petit déjeuner et on file à l’église, sur Hale Rd (rebaptisée Reverend Al Green Rd.) sans connaître l’heure de la messe. Le parking et désert. Raté. L’office est à 11h30. On a le temps de balader dans le downtown et d’observer un défilé solennel de canards (on vous expliquera).
Beaucoup de locaux, quelques touristes
A 11h20, nous revoilou. Et le parking est bondé. Des dames apprêtées, en habits du dimanche avec robes et chapeau, poussent la porte de l’église. Nous nous faufilons en récupérant un programme au passage. Sur la couverture, Al Green bien sûr. L’assistance est à 80% afroaméricaine. Les autres sont des touristes. Des Allemands, des Anglais et des Américains d’autres états comme nous l’apprendrons plus tard.
On trouve une place au fond et la messe débute. Autant vous prévenir. Ce moment, on l’a vécu intensément. Une messe gospel est une catharsis. Voir des vieilles dames que l’on pensait trop faibles ne serait-ce que pour trottiner, frôler la transe en bougeant tous leurs membres, apprendre les milles façons de dire amen (Hey Men !!!), avoir l’impression de s’enivrer de musique et ne faire qu’un. On en ressort pas indemnes. D’ailleurs, Delphine est toute retournée dès la première chanson.
La voix intacte
La messe a débuté par un chant collectif et rythmé et se poursuit par les prêches d’Al Green. Ce dernier, on a mis bien du temps à la reconnaître. Un peu pataud, il est bien loin du beau gosse de ses débuts. Mais sa voix est intacte. Il chante seul, accompagné, se balade dans les travées, à échanger avec ses paroissiens, à demander d’où viennent ces étrangers et à leur souhaiter la bienvenue, plusieurs fois. Il parle de fuir les Wendy’s, de prendre soin de soi…
Après 1h30 de messe, le moment de la bénédiction est venu. Delphine y va. Puis c’est la quête : une petite enveloppe où tu mets ton nom et le montant.
Voilà en vidéo un peu de ce qu’on a vécu :
On ressort vidés, heureux, plein de good feeling pour attaquer la journée. Dimanche 25 août 2013, je suis allé à la messe. Et j’ai aimé ça.
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WooooooooW . J’ai faillit passer à côté de ça ?! Merci pour cet article ! C’est décidé Dimanche prochain, nous irons à la messe aussi.
Je prépare mes mouchoirs. J’ai déjà eu la larmichette devant votre vidéo… J’espère que moi aussi je verrais ce bon vieux monument qu’est All Green !
😀
Ecoute si on peut t envoyer à la messe 🙂 Prépare la larmichette effectivement… On l’avait noté en bonne place et tiens toi bien… on va dire qu’Al a bien profité ces dernières années et on a mis un bout de temps avant de capter que c’était bien lui 🙂 Good luck, embrasse le pour nous et tiens nous au courant! See U
je viens de découvrir votre blog, vraiment sympa! C’est juste énorme ce que vous avez vécu. J’adore Al Green et je ne savais pas du tout qu’il était devenu reverend.
C’est vrai que c’est pas archi connu. D’ailleurs Al Green, pour les Français, n’est pas toujours une référence. En tout cas, nous, on n’a pas hésité une minute.
A plus
La chance !!! Ca devait etre trop bien ! Quand je suis allé a NYC je suis allé écouter du gospel a Harlem mais cetait pas Al Green… J’aime trop ! Tellement culte sa chanson de Pulp Fiction.
Luc
Très sympa ce reportage ! ça avait l’air génial… malgré le côté « messe/prêche », bravo d’avoir passé les portes de l’église. j’ai regardé les vidéos, vraiment ce Al Green, ça me disait rien du tout.
On était allée écouter des chants de Noël par la chorale afro-américaine de Harvard, avec des prêches entre chaque chanson : intense !