Mont Rushmore National Memorial, le guide
Article rédigé le 19 novembre 2012 , mis à jour le 3 juin 2024
Le Mont Rushmore, ce mémorial monumental de 18 mètres de haut (la taille des têtes), sculpté à même la montagne et classé monument national, est l’un des emblèmes des Etats-Unis d’Amérique. Mais il se « mérite » : érigé au milieu de nulle part (en fait presque au centre parfait des Etats-Unis), en plein Dakota du Sud, il n’est traversé par aucun itinéraire classique. Néanmoins, vous pouvez y penser dans un itinéraire Yellowstone.
Je rêvais de le voir depuis que je suis toute petite, mais il était toujours trop loin de tout. Cet été 2012, c’était décidé, on y allait (note Litusa : chaque voyage est un consensus minutieusement étudié pour que tout le monde ait ce qu’il veut, ce qui vire vite au casse-tête : des parcs nationaux et beaucoup de nature pour monsieur mais pas trop pour madame, du soleil et de la baignade pour les ladies mais pas trop touristique pour les gentlemen, des animaux et des métropoles pour tous les deux).
La superbe région des Black Hills
Bref. Après une nuit à Lead (l’une de ces villes qui ne sert quasiment qu’à éponger le tourisme du « MR » et de Deadwood, la ville far-west à proximité), on a débarqué le 10 juillet. Après de longs kilomètres au milieu de nulle part (la superbe région des Black Hills), on arrive sur une mini-ville, Keystone, qui n’existe aussi que pour les touristes : magasins d’objets dérivés discount, restos et hôtels.
Encore une route sinueuse et nous voilà à l’un des nombreux péages de l’entrée. Comme trois millions de visiteurs par an, on s’acquitte de notre droit de passage : l’accès au mémorial est gratuit mais le parking (quasi obligatoire) payant (comptez 10 dollars pour une voiture, valable un an).
Nous y voilà : bien sûr, à l’entrée, on tombe d’abord dans les magasins (et mon Dieu ils ont pensé à décliner le mont sur presque tout : chaussettes, caramels, boules à neige, porte-clés, cristal…)
Une allée avec les drapeaux des 50 états
Une grande allée à ciel ouvert avec les drapeaux des 50 états flottant au vent conduit à la « grand view terrace » qui, au-dessus d’un auditorium, offre une vue panoramique sur les têtes sculptées des quatre présidents. Il y a du monde, mais surtout de l’ambiance. La fanfare et l’orchestre de l’US Army accueillent les passants et répètent leur concert de la soirée. On ne vous raconte pas le choc culturel en entendant leur répertoire : Black Eyed Peas, Lady Gaga, Beyonce…
On entame le sentier (Presidential Trail) qui conduit, en pleine végétation, au pied même de la montagne; de petits musées, comme l’atelier du sculpteur et l’exposition des outils utilisés nous apprennent des choses assez incroyables (par exemple que la tête de Lincoln est creuse : le sculpteur avait prévu d’y installer un « hall of records » pour stocker les archives nationales voire des codes importants, mais il n’a jamais été utilisé).
Les touristes aussi étaient assez incroyables : comme ce quadra qui voulait prendre sa fille en photo en contre-plongée pour mettre sa tête au milieu des quatre autres, couché au milieu de la passerelle en bois (heureusement, un compatriote l’a calmé: « There’s Photoshop for that« ), on en oublie vite la beauté du site.
D’ailleurs est-il vraiment beau ? Une copinette (à qui je dédie cette chronique au passage tant elle l’a réclamée) m’a posé la question et je ne savais pas trop quoi répondre. Forcément, on s’en fait une telle « montagne » qu’on est un peu déçu une fois sur place (ils ne sont pas si « grands », si impressionnants ni si détaillés que ça) et en plus on y est allé au mauvais moment de la journée : le jour tombait mais la luminosité était trop forte, du coup les photos étaient surexposées. Trop de touristes aussi. Mais avec le recul, oui, c’est quand même énorme et on est heureux de l’avoir vu en vrai.
Il y a beaucoup à faire sur le site. Voir dans la rubrique « à voir/à faire ».
Un peu d’histoire
Allez, on vous raconte un peu. A l’origine, la montagne appartenait aux indiens Lakotas, qui l’avaient baptisée colline des 6 Grands-pères. Après plusieurs batailles, les Américains ont vaincu les « Premières Nations » et conquis le territoire. Lors d’une expédition d’exploration, un avocat, Charles E. Rushmore, lui donna son nom, en 1885 (le mari de Carrie Ingalls, la soeur de Laura de la Petite maison dans la prairie, était paraît-il du voyage).
Dans les années 1920, le Dakota du sud réfléchissait à comment mettre en valeur son territoire pour attirer les touristes. C’est une historienne qui a trouvé l’idée (farfelue ?) du siècle : et si on rendait hommage à l’Histoire des USA en « installant » des présidents dans les Black Hills ?
Un appel a été lancé au sculpteur Gutzon Borglum (John Gutzon de la Mothe Borglum, svp), un Américain formé en France, un original adepte des sculptures colossales et d’un nationalisme héroïque (il s’était déjà frotté à la Stone mountain en Géorgie). Le projet avait d’abord été imaginé pour une montagne de la région des Needles, mais la roche était trop friable. C’est Borglum qui a repéré le Mont Rushmore et l’a choisi. Au terme de longues négociations, le Congrès l’a validé en 1925.
Il a ensuite fallu se creuser la tête pour choisir les présidents les plus « marquants » afin de célébrer les 150 ans de la « jeune » nation. C’est Borglum encore qui a eu le dernier mot. George Washington, héros de l’indépendance et premier du nom, s’est imposé d’office. Le président de l’époque, J. Calvin Coolidge (républicain), insista pour que deux républicains et un démocrate le rejoignent.
Ce seront Abraham Lincoln (premier président républicain qui a aboli l’esclavage), Thomas Jefferson (républicain-démocrate, l’un des pères de l’Indépendance et principal rédacteur de la Déclaration d’indépendance, pour son expansion vers l’Ouest) et au dernier moment Theodore Roosevelt (républicain, plus jeune président des Etats-Unis et Prix Nobel de la Paix, pour sa défense de l’économie et la protection de l’environnement).
Quatorze ans de travaux
Les travaux ont démarré en 1927 et ont duré quatorze ans, jusqu’en 1941. La tête de Jefferson a dû être déplacée, la roche se brisant régulièrement à l’endroit prévu. Borglum est décédé avant la fin, et c’est son fils qui a pris le relais. Initialement, les présidents devaient être sculptés jusqu’au buste; finalement, ils resteront « coupés » à la tête. 400 ouvriers ont travaillé sur le site. La majorité de la montagne a été sculptée à la… dynamite ! L’oeuvre a coûté presque un million de dollars (énorme pour l’époque).
Par la suite, il a été régulièrement question d’ajouter un cinquième président, comme Ronald Reagan, John Kennedy, ou Obama. Il y a même des comités de soutien ! Mais ces projets n’ont jamais vu le jour. Personne n’a eu le courage d’affronter les travaux, et encore moins la polémique. Car la controverse a accompagné toute l’histoire du Mont Rushmore.
Les Lakotas n’ont en effet jamais cessé de revendiquer la propriété du site et ont même érigé leur monument « concurrent », le « Crazy Horse memorial« . Il a aussi été jugé raciste. Sans compter les liens qu’aurait noués Borglum avec le Ku Klux Klan, alors qu’il parcourait le monde pour récolter des fonds afin de poursuivre ses travaux…
Photos : toutes Lost In The USA exceptées Colline des 6 Grands-Pères et chèvre des montagnes (source Wikipédia)
Grand view terrace
À voir
Presidential Trail
Activité
Pour profiter encore plus du Mont Rushmore, vous pouvez emprunter le Presidential Trail pour arriver jusqu'au pied de la montagne. Il fait un peu moins d'un kilomètre et compte 422 marches.
- Sur le chemin, il y a le Sculptor's Studio, où Borglum passait son temps à travailler sur les maquettes. Ouvert de mai à septembre.
Mais aussi...
Activité
Des animations sont prévues pour les visiteurs du Mont Rushmore :
- Ranger Program (30 minutes). Gratuit. Au départ de Grand View Terrace. Programme affiché aux visitor centers.
- Sculptor's Studio Talk (15 minutes). Gratuit. Sur les techniques utilisées par Borglum et son équipe. Programme affiché aux visitor centers.
- Evening Program (45 minutes, selon la météo). Gratuit. Les présidents, la nation, le patriotisme dans l'amphithéâtre. Termine avec l'illumination du memorial. Programme affiché aux visitor centers.
- Lakota, Nakota & Dakota Heritage Village (10 à 30 minutes). Gratuit. L'histoire des premiers peuples de la région. Programme affiché aux visitor centers.
- Audio Tour (30-120 minutes). 5$ la location. Audioguide disponible en français dans le bâtiment en face de l'Information Center.
Un tour complet des Blacks Hills
Activité
Il existe des tours guidés payants au départ de Rapid City incluant le Mont Rushmore (avec repas au Carver's Cafe), le Crazy Horse Memorial, le Custer State Park et l'Iron Road. Durée : 9 heures. Prix : environ 80 euros. Pour réserver, cliquez ici.
Carver's Cafe
Il n'y a qu'un restaurant sur le site et il s'agit du Carver's Cafe. 300 places dont certaines avec vues sur le monument. Menu varié. Ouvert de 7h à 21h. De 8h à 16h30 en hiver.
Dans le parc
Il n'y a pas de possibilité de logement sur le site même du Mont Rushmore. Ni hôtel, ni camping.
A proximité
Le Mont Rushmore draine une quantité considérable de visiteurs, comme le reste des Black Hills. Il existe donc de nombreuses possibilités de logements dans les villes à proximité et Rapid City est la plus grande. On vous les a classées : de la plus proche à la plus éloignée du monument.
- Newcastle (91 km à l'ouest). Voir les hotels sur Booking
À moins de 30km
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